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  • Ligurie proche

       Je commence à me sentir chez moi dans cette région voisine et transfrontalière de la Ligurie proche. Curieusement avant l'ouverture des frontières, le changement de monnaie et la présence des douaniers faisaient obstacles à des excursions fréquentes. C'est asez inexcusable, mais c'était ainsi et aujourd'hui j'aime flâner le long de la belle Riviéra sans plus d'obstacles, que la langue qui n'en est pas vraiment un. Nous parlons en français, ils répondent en italien et avec les mains et nous nous comprenons presque. En tout cas nous nous entendons bien et partageons la même façon  de vivre le quotidien, façon méditerranéenne et insouciante ou plus fondamentalement "optimiste". Ceci malgré l'époque et ses incertitudes pour nous autres européens.

       J'aime la douceur de l'air, les verts teintés de gris des champs d'olivier qui plongent vers la mer, les cultures florales partout dans des serres et des planches cultivées, comme si l'exode rural et l'urbanisation à outrance n'étaient pas passées par là, les villages perchés aux calades de galets ronds et inégaux. C'est un pays d'églises et de couvents qui respecte son passé. A table ici et en Piémont il faut bien se tenir. Le moelleux des raviolis est incomparable. Le problème sera de chosir entre les pâtes aux cèpes et les spaghettis au pistou et à la tomate, puis de se réserver pour le lapin rôti "le corniglio" qui va suivre.  Prendre le temps de déguster un verre de vermentino  sous la treille ou goûtez le Rossese rubis de Dolceacqua. L'art de vivre ligure est là. 

    Hier nous sommes allés à Taggia, l'autre jour nous étions à Valloria et à Dolcedo. A Taggia nous étions en compagnie de l'historien. Du coup cette approche de vallées de l'Argentina et de la Nervia s'est éclairée. On a senti, en longeant les ruelles mal pavées bordées de palazzis délabrés, la toute puissance des Doria et de Gênes dont ces villes fortes ne sont que des capitales de second rang. De tous temps et aujourd'hui encore on a cultivé ici la petite olive savoureuse de Taggia qui fait une huile à la saveur toute florale, trop douce au goût de ceux qui préfèrent sentir le fruit dans toute son exubérance.

    Dans la chaleur il nous a fallu quitter à regret les voûtes fraîches de la rue Soprana de Dolceacqua pour monter jusque sous la haute muraille du château.

    Monet est venu ici en 1893 lors d'une de ses visites à son ami Matisse à Cagnes. Il tomba, comme nous, sous le charme du pont médiéval qui enjambe la rivière d'un élégant pas de danse. Le  mouvement est  si vif que le vieil oratoire qui le surveille en semble  encore tout surpris.  Monet nous a laissé une toile  qui est au musée Marmottan à Paris, représentant ce fameux pont "bijou de légèreté" selon ses propres dires. 

     

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    Une légende raconte que le seigneur du lieu jaloux de son droit de cuissage avait du affronter le refus obstiné et la résistance farouche d'une jeune femme du village appelée Michetta.  En mémoire de ce bel épisode,  les boulangers de Dolceacqua font un petit pain très spécial appelé "la Michetta" dont la forme est un hommage au beau sexe !

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