la bergère du mouton d'Anou Le broc 06

Connaissez-vous l'origine du nom de ce sommet des Alpes-maritimes ?

Le Mouton d'Anou

 

 

Un sommet de modeste altitude (1078m) mais qui offre un superbe panorama à 360° du Mercantour au littoral entre Var et Italie . Plusieurs itinéraires au choix depuis Saint Jeannet ou le Broc y conduisent sans trop de difficultés.

 

Ce promontoire ne cesse de nous intriguer :

 

Son nom tout d'abord. A défaut de précisions on se fera plaisir avec cette histoire.

Lors de notre balade du mois de février dernier, nous avons croisé un beau troupeau de moutons dûment encadré par des chiens très professionnels. Les moutons étaient dans le passage. Nous nous sommes arrêtés. Et tout de suite nous avons été cernés par trois patous. On recommande de leur laisser le temps de vous identifier. Ce qui fut fait avec même, en ce qui me concerne, palpation du mollet du bout des dents.

Les randonneurs ayant fréquenté l'endroit avaient pourtant averti sur différents sites internet. Attention « Patous agressifs » !

 

Le temps d'effaroucher ces bons gardiens qui nous avaient pris pour des loups et, du fond du sentier, émerge la petite silhouette d'une bergère. Elle est jeune et beaucoup plus souriante que ses collaborateurs. Elle s'excuse et nous demande si tout va bien. Je la regarde. Rien de la bergère de mes livres de contes, filant la laine sur une quenouille. Elle est en baskets et en tenue de running moulante achetée chez Décathlon, le visage est fin, le portable dépasse de la poche arrière. Nous prenons le temps de parler un peu. Les mastars maintenant calmés sont à nos pieds et semblent écouter. Elle explique que les patous c'est pour le loup, qu'elle n'est pas vraiment anti loup, mais que quand même...

Pour un peu on ne se quitterait plus. Elle raconte que cet été elle emmènera le troupeau à l'estive plus haut du côté d'Ilonse.

Avant de reprendre notre chemin, je ne sais par quelle inspiration, je lui demande si elle sait pourquoi cette montagne s'appelle « Le mouton d'Anou »

Et là j'ai cru qu'elle allait me dire «  Anou c'est moi »!

 

Mais non. Elle me regarde d'un air amusé et elle se met à parler :

« Dans ces temps là, les filles qui gardaient dans la montagne travaillaient dur. Elles avaient de grands troupeaux et les maîtres les payaient mal et les maltraitaient même parfois.

Ce soir là, Anou en comptant ses bêtes s'aperçut qu'il en manquait une. Elle la chercha jusqu'à la tombée de la nuit. Mais sans la retrouver. De retour, elle s'en confia au maître du troupeau qui la chassa.

 

Mais le lendemain matin tous furent stupéfaits de voir une montagne nouvelle, toute ronde, que personne ne connaissait.

On raconta partout à la veillée que c'était le mouton de la jeune bergère Anou qui avait mangé toute la nuit, tant et tant d'herbe qu'il avait grossi, grossi...jusqu'à devenir une montagne toute ronde qu'on appela tout naturellement « le mouton d'Anou » .

Il était donc normal que l'on n'ait pas retrouvé la brebis égarée.

 

L'histoire ne dit pas si Anou retrouva son emploi. Cela n'aurait été que justice.

 

Nous avons quitté Anou 2022 et ses belles histoires. Un peu perplexes mais heureux d'avoir rencontré une fille d'aujourd'hui si bien dans son époque et si bien aussi dans son pays et dans sa montagne.