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chapelles des a. mes

  • Le Mystère de la chapelle saint Pierre !

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    Ce matin là, nous étions partis loin. Pour une destination nouvelle et inconnue. Ce qui, comme chaque fois, me mettait en joie.

    Il nous fallait trouver une chapelle dédiée à Saint Pierre, perdue aux limites du monde connu, au fond de vallons boisés et sauvages.

    Mal réveillé, j’avançais, encore pris dans mes rêves de la nuit, la tête basse et le pas lourd.

     

    Quand, soudain, je vis des traînées de sang suspectes sur les cailloux du chemin. Peut-être un animal avait-il été blessé ici ? Je me penchais pour mieux voir.

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    A y regarder de plus près, et bien malgré moi, je crus lire un signe étrange dans la pierre blanche tâchée de sang. On pouvait facilement reconnaître la forme d’un visage avec l’œil, le nez et la bouche tuméfiés, le haut front maculé de sang.


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    chapelles des a. mes Mais je ne m’attardais pas à l’interprétation de ce qui aurait pourtant pu être un avertissement. La raison en moi est toujours là qui veille.

    Le vallon où nous progressions se resserrait. De hautes falaises striées de couches de roches orange et gris nous dominaient. Celui qui nous guidait nous parla de choses étonnantes qui s’étaient passées ici, il y a deux cents millions d’années. Bien avant que l’homme ne soit sur terre précisa-t-il. Il nous montra dans la paroi calcaire des empreintes millénaires mystérieuses et tourmentées.

     

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     Plus loin, je fus encore très intrigué par la rencontre insolite avec une vieille souche d’arbre enroulée sur elle même et prostrée dans une supplication douloureuse et muette.

     

     

     

     

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    Tous  ces signes me parvenaient comme autant de messages de la nature que je ne parvenais pas à décrypter. L’inquiétude montait en moi. Par une sorte de pressentiment, je sus que j’aurais la clé de l’énigme à la chapelle saint Pierre. Notre guide avait consulté des cartes anciennes et savait les chemins perdus.

     

     

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    A l’approche du hameau des Colettes, nous fîmes une halte à la fontaine ou par humanité quelqu’un avait laissé un verre.  Cela  apaisa un moment mon angoisse.

     

     





    chapelles des a. meschapelles des a. mesAu détour du sentier qui longe le béal la chapelle cachée dans un bouquet de vieux chênes se révéla à nous dans toute la blancheur de ses belles pierres de pays. 



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    Au dessus du vieux bénitier, une chauve-souris pendue au plafond me questionna : « Sais tu que moi et mes sœurs, nous nous jetons à la tête des femmes et nous nous emmêlons dans leurs cheveux ? Sais-tu que les chauve-souris mordent au cou les gens pour sucer leur sang ? »

     

     Encore un mauvais présage. Pourquoi à nouveau cette allusion au sang déjà rencontré sur mon chemin ce matin ? Bon Saint Pierre, vous qui avez les clés, vous le gardien des passages et des croisements, mettez moi sur la voie de la vérité. Quel est ce mystère qui depuis ce matin plane autour de moi ?

     

    J’aurais voulu comprendre et en même temps je fuyais la réponse. J’avais hâte de quitter ces lieux singuliers. J’aurais aimé me baigner nu dans la cascade et puis me reposer au soleil. 

    chapelles des a. mes Mais l’heure n’était pas à ces plaisirs. Il fallait rentrer car nous étions en automne et la nuit allait venir vite.  Le soir tomba et les ombres s’allongèrent.

    Au milieu d’une clairière, sur le sentier du retour, alors que je me pressais, je fus arrêté par un énorme chêne vieux de plusieurs centaines d’années. Il se dressa devant moi, mort mais toujours debout. C’était Comme s’il qui avait eu quelque chose à me dire, un reproche à me faire.chapelles des a. mes

    Et là je fus effaré par ma découverte .

    Sur son tronc une plaque était clouée qui me disait enfin, en quelques mots, ce que depuis ce matin je pressentais : une mort violente !

     

    « A 100 mètres d’ici, le 20 Octobre 1990 Claude Monod, artiste verrier a été tué par un chasseur.

    Il ramassait des champignons. »

     

    ***

     

    Ce soir là, une fois rentré chez moi, j’ai allumé mon écran et je me suis enfoncé de  nuit, dans l’autre forêt, celle d’Internet. Il fallait que j’en apprenne un peu plus sur ce mystérieux verrier.

    Qui était Claude Monod, artiste ?

    Son père fut le créateur de la verrerie de Biot. Gamin, Claude apprit là à souffler la canne puis devint le patron des lieux dans les années 70. Par la suite il créa son propre atelier, l’atelier du Touron au Broc, avec sa femme Isabelle. Il décéda (effectivement !) prématurément victime d’un chasseur inconscient. Je survole quelques pages présentant des photos de ses plus belles pièces sans trouver vraiment de lien avec l’étrange climat de la journée que je venais de vivre. Claude Monod est un coloriste raffiné inspiré par les maîtres japonais. Sa recherche de formes abstraites et épurées ne me parle guère.

     Je fouille encore.  Curieux cette fois du travail d’Isabelle son épouse. Et là je découvre qu’elle est toujours au Broc, qu’elle expose de temps à autres et qu’à travers de grands empilements de cubes de verre à l’équilibre précaire, elle parle de la mémoire et de la fragilité de nos vies. Je charge quelques images et je suis stupéfait de comprendre comme par révélation, de l’intérieur, les intentions de l’artiste.

    Ce n’est pas banal d’approcher et de comprendre un artiste au hasard d’une randonnée dans les bois. C’est pourtant ce qui s’est passé ce jour-là. J’ai saisi le rapport entre l’évènement  relaté sur la plaque clouée sur le chêne et l’inspiration d’Isabelle.

     

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    Pour dire la fuite du temps, elle magnifie dans des cubes de lumière ce qu’elle a ramené de ses balades dans les bois, fragments de roche, graines, brindilles. Elle agence le tout en d’énigmatiques échafaudages de verre à l’équilibre chancelant. 

     


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    Quant à tous ces signes que j’avais croisés en chemin : le sang sur la pierre, les fossiles, la vieille souche tordue, la chauve-souris, le chêne géant, je me demande encore qui avait balisé à ce point mon itinéraire ?