le mur de la peste (Fontaine de Vaucluse)
Fontaine de Vaucluse
Le mur de la peste
Nous sommes en 1720, la peste est dans Marseille et voici comment cela arriva :
- L’arrivée du Grand saint Antoine » à Marseille :
Le 25 mai 1720 arrive au port à Marseille un navire marchand appelé « le Grand saint Antoine ». Marseille a toujours été un port qui commerçait avec le Moyen Orient, et même au-delà avec les Indes et l’extrême Orient. Ce voilier arrivait de Smyrne et de Tripoli. La première de ces 2 villes est l’actuelle Izmir en Turquie, la seconde est au Liban. Or ces pays étaient infestés par la peste.
Ce n’est pas la première fois que Marseille est frappée par la peste. Cela s’est déjà produit surtout au Moyen âge.
- 1347-1353 : La peste noire se répand sur toute l’Europe et décime les populations ( 40% de victimes en France). C’est cet épisode historique qui sert de cadre à la série télévisée de cet été « Inquisitio »
- 1580 à nouveau.
- 1720 enfin dernière épidémie de peste en France. Celle dont il est question ici.
Lors du voyage du Grand saint Antoine » vers Marseille un passager et 7 matelots étaient décédés ainsi que le chirurgien du bord.
En principe tous les navires en provenance de telles destinations étaient soumis à une période de quarantaine. C’est à dire à un isolement des personnes pendant 40 jours en un lieu d’accueil au large, une île, l’île de la Jarre, en l’occurrence. Ceci pour éviter la contagion pendant la période d’incubation (c’est à dire entre la date de contamination et la date d’apparition des symptômes). Ce genre d’endroits s’appelait un lazaret du nom de saint Lazare patron des lépreux. Mais la vigilance se relâche, les intendants de la santé sont achetés par les marchands et « le Grand saint Antoine » est dispensé de quarantaine. En effet il transportait une cargaison de balles de coton et de soie qui devaient être expédiées en urgence sur la prochaine foire de Beaucaire.
La marchandise est déchargée et avec elle des puces des rats infestés de puces qui transmettent la peste. A bord et en ville on le sait mais on se tait.
- l’épidémie se propage :
Dans le premier mois qui suit, quelques premiers cas se déclarent dans le quartier populaire du port. Les autorités étouffent l’affaire pour ne pas nuire au trafic portuaire et au commerce. Bientôt plus de cent personnes meurent chaque jour. Les plus riches s’enfuient à la campagne. Les moines de saint Victor se barricadent dans leur monastère. Ils seront sauvés. Marseille est rapidement isolée et toute l’activité s’arrête, plongeant dans la misère et la famine les plus démunis, s’ils ne sont pas touchés par la maladie.
Au mois d’août, avec les chaleurs on compte 500 morts par jour. On ne ramasse même plus les cadavres qui pourrissent dans la rue. En octobre la maladie a déjà tué 40.000 personnes c’est à dire pas loin de la moitié de la population de Marseille à l’époque.
Le fléau sort de la ville et gagne Aix en Provence et Toulon. Il s’étend à toute la Provence et fait dans la région 100 000 morts sur 400 000 habitants.
3) Le vice-Légat du Pape à Avignon décide de faire construire une muraille en pierres sèches de 27 kilomètres de long et de deux mètres de haut ( 6 pieds) et 65cm (2 pieds) de large pour protéger les Etats du Pape. Nous sommes en effet à une période de l’histoire ou la ville d’Avignon et le comtat venaissin sont des territoires de la papauté de Rome. (voir la papauté d’Avignon.)
Cette enceinte est la première initiative de cordon sanitaire c’est à dire de tentative de juguler une épidémie par une frontière géographique. Le mur est construit en 100 jours. De part en part des guérites et des abris sont prévus pour les soldats. Plus de 1000 hommes de la garde se relaient nuit et jour pour garder le passage. Ils tirent à vue sur qui tente de passer. Quelques barrières avec filtrage des personnes sont ouvertes. Le tracé du mur de la peste ( voir carte jointe) s’étend en gros de la région de Carpentras et du Ventoux au nord jusqu’à la Durance au sud qui faisait barrière naturelle et même jusqu’au Lubéron.
D’autres défenses murs ou fossés furent mises en place à la même époque. En partiuculier du côté d'Apt.
Le mur fut efficace car lorsqu’il fut achevé il y eut une rémission de l’épidémie au sud du côté de Marseille.
4) Mais la peste a quand même avancé et est arrivée finalement à Avignon en août 1721 pour y sévir jusqu’en 1723.
Pendant ce temps là à Marseille les gens s’organisent. Deux héros, chacun à sa manière essaient de faire face. Un laïc et un religieux. Ils se dévouent avec courage pour venir en aide à la population.
L’évêque de Marseille Monseigneur de Belzunce qui a donné son nom à une voie : le cours Belzunce à Marseille apporte secours aux malades et fait administrer les derniers sacrements aux mourants. Il fait aussi vœu de dédier la ville au Sacré Cœur si elle s’en sort. C’est ce qu’on appelle à Marseille « Le vœu de la peste ». Dans le même temps le chevalier Roze organise la lutte en assurant les inhumations rapidement au fur et à mesure des décès alors que les corps par qui la contagion arrivait s’entassaient dans les rues.
5) On peut situer la fin de l’épidémie à 1722 à Marseille et un an plus tard à Avignon.