la peste (Fontaine de Vaucluse)
Fontaine de Vaucluse
La peste
1) Origine et propagation : Cette maladie contagieuse et mortelle ( en moins de 3 jours) est causée par un bacille (bactérie) découvert par Alexandre Yersin de l’Institut Pasteur en France en 1894. un roman de cette saison littéraire retrace la vie de ce savant.« Peste et Choléra », de Patrick Deville, éd. Seuil, 225 p., 18 €.
La peste est véhiculée par les puces portées surtout par les rats qui la transmettent à l’homme par piqûres de puces ou morsures des rongeurs. Les rats noirs porteurs vivent en pays chauds comme l’Inde et la peste est donc endémique de ces régions.
2) Les symptômes : Il y a plusieurs sortes de peste : peste pulmonaire par pénétration du bacille par les voies respiratoires et peste bubonique par piqûres de puces ou morsures de rats. Celle de l’épidémie de 1720 à Marseille était la peste bubonique.
Elle se caractérise par de la fièvre, des frissons et l’apparition de bubons ou cloques principalement au cou et à l’aine.
3) La lutte contre la maladie à l’époque :
La ville est sale, les rats malades crèvent, les puces désertent leurs cadavres et cherchent du sang frais. Elles s’attaquent aux humains. En 3 jours, sans beaucoup de moyens efficaces de lutte, les gens meurent dans la rue ou dans leurs maisons.
Les gardes circulent dans la ville. Ils portent une robe verte et une cagoule. Ils frappent à la porte des maisons. Si personne ne répond, on fait une croix à la peinture blanche sur la porte et on barricade l’entrée. Les habitants sont considérés comme malades ou morts. Une inscription sur l’entrée invite les passants à ne pas s’attarder. Les lettres C.L.T. pour en latin Cito, Longe, Tarde ce qui peut se traduire par : Pars vite, va loin et reviens tard. C’est le titre d’un ouvrage de Fred Vargas. Et aussi l’explication de l’expression « à fuir comme la peste ».
Les chargeurs évacuent les cadavres. Ce sont le plus souvent les galériens qui font ce travail.
Les médecins peu nombreux portent une grande robe de bure, un tablier de cuir, des gants, une houppelande un masque avec des lunettes en verre fumé et un appendice en bec de canard qui devait filtrer l’air respiré. Leurs moyens sont limités. Ils surveillent la progression de l’épidémie.
Des braseros sont allumés de part en part où l’on fait brûler des herbes pour assainir l’air. On utilise le soufre pour purifier les maisons contaminées.
4) Quelques pauvres remèdes :
Pour les soins, on a recours :
- A l’invocation des saints, saint Roch en particulier. ( Lui-même victime de la peste et sauvé par son chien).
- Aux processions, aux voeux
- Au vinaigre des 4 voleurs : Un antiseptique fait de plantes et d’épices : l’absinthe, l’ail, la sauge, la menthe, la lavande, de la cannelle, de la girofle, le tout infusé dans un vinaigre de vin.
Quatre voleurs furent arrêtés alors qu’ils détroussaient régulièrement des pestiférés ils gardaient cependant une bonne santé. Ils acceptèrent de donner leur recette de ce remède qui porte leur nom moyennant qu’on leur laisse la vie sauve et la liberté. Ce vinaigre fut inscrit au codex pharmaceutique mais les voleurs furent quand même pendus.
- A la thériaque : Un autre remède utilisé lui aussi en lotion ou en pommade. D’élaboration plus complexe il comprenait pas moins de 64 ingrédients pour la grande Thériaque mais la thériaque des pauvres se fabriquait avec seulement 5 plantes, le laurier, la myrrhe, la gentiane, l’aristoloche, le tout infusé dans du miel et du genièvre. La grande thériaque devait sans doute son efficacité supérieure au fait qu’elle comportait du pavot, du poivre, des entrailles de vipère, des rognons de castor séchés pilés au mortier.
- Aux bézoards : Ce sont des corps étrangers que l’on retrouve dans l’estomac des animaux et auxquels on attribue des vertus médicinales. Il peut s’agir de débris, pierres, calculs, amas de poils.
- Au saphir : est un talisman qui protège le voyageur contre la peste et détourne la foudre.
- En chirurgie les purgations, saignées ainsi que l’incision des bubons peuvent être tentés.
5) La peste dans nos imaginaires :
La peste bien que disparue depuis 200 ans hante toujours les imaginaires. Elle fut certainement au XVIIIème siècle une étape décisive de prise de conscience des solidarités et de la cohésion sociale indispensables à la survie des groupes humains. Il fallait faire face te faire reculer la mort tous ensemble.
Aujourd’hui les aspects morbides, les accumulations de cadavres, l’aspect dérisoire de la lutte contre la toute puissance de l’épidémie sont surtout repris dans les évocations récentes. Comme si notre époque redoutait un fléau comparable ( sida, grippe aviaire) et un tel cataclysme.
La peste vue par les écrivains :
- La Fontaine : « les animaux malades de la peste. »
- Camus : « la peste »
- Giono : « le hussard sur le toit » ( choléra et plus tard)
- André Brink : « le mur des pestiférés »
- Pagnol : « les pestiférés ».