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  • 5 - Une rivalité fatale : la dénonciation, en prison à Draguignan

    Gaspard de Besse dans l’Estérel

    Une rivalité fatale : La dénonciation – En prison à Draguignan

    A l’époque de son séjour à l’auberge des Adrets, Gaspard était dans des complications sentimentales propres à ceux qui, comme lui, ont le cœur trop ardent et trop vaste pour n’embrasser qu’un seul amour.
    Une rivalité entre deux belles allait lui être fatale.
    Il faut ici parler de Clarisse. C’était une adorable petite sauvageonne, une fille des bois aux cheveux roux et au tient clair. Ce qui faisait contraste dans ce pays du sud et de femmes brunes. Son père était bouscatier : C’est à dire qu’il coupait des arbres pour en faire du charbon de bois. Gaspard les avait tirés d’embarras, un jour où les colleteurs d’impôts étaient passés chez eux pour lever 200 livres qu’ils n’avaient pas car le père de Clarisse était couché depuis plusieurs mois, avec un tour de reins. Les gabelous avaient menacé de revenir sous huit jours et de brûler leur maison après avoir confisqué leurs pauvres biens s’ils ne payaient pas. Gaspard avait fait l’avance des 200 livres et tenu les préleveurs d’impôt en respect. Il était surtout tombé amoureux de Clarisse qui le lui rendait bien.
    Mais, depuis longtemps, Gaspard avait aussi une tendresse toute particulière pour Claire Augias. C’était pourtant l’épouse de son compagnon Joseph Augias. Joseph avait été condamné à 5 ans de bagne à Toulon pour avoir volé deux livres et demi de sel aux salins d’Hyères. Le sel était taxé lourdement(gabelle) et faisait l’objet d’une importante contrebande. Joseph avait cru pouvoir améliorer ses revenus d’ouvrier jardinier. C’est son épouse Claire qui aborda Gaspard qu’elle connaissait de réputation pour lui demander de l’aide pour faire évader son mari. Grande file mince aux formes généreuses et au regard noir, elle sut convaincre. Gaspard réussit à faire évader Joseph par le corbillard des morts. Jacques Bouilly, un compagnon de chaîne de joseph profita du voyage. Et c’est donc deux nouvelles recrues qui rejoignirent l’escouade de Gaspard. C’était dans les débuts. Claire qui tenait une auberge à La Valette revit Gaspard et ils restèrent amants passionnés. Joseph se montra un mari large d’idées. Il n’aimait plus sa femme depuis de nombreuses années.

    Clarisse – Revenons à elle – Mais il est vrai que cela se complique ! Anne de Morières, Rose Faye, Clarisse, Claire…Vous suivez ? Clarisse donc avait perdu la trace de son ami Gaspard depuis qu’il se cachait à l’auberge des Adrets. Désespérée, elle tenta de savoir quelque chose en espionnant sa rivale Claire Augias. Elle se rendit à l’auberge de La Valette. Elle était très malheureuse et jalouse. Jamais elle ne laisserait Gaspard à un e autre femme. Or elle soupçonnait Claire de continuer à rencontrer Gaspard en cachette.
    Clarisse allait découvrir en effet, que chaque semaine, Claire prenait discrètement la diligence vers Fréjus. En soudoyant le cocher, elle apprit que la belle Claire descendait à chaque voyage à l’auberge des Adrets. Du même cocher, elle obtint une place dans la prochaine voiture pour les Adrets, espérant bien affronter sa rivale et reconquérir Gaspard.
    Folle de rage et de jalousie, Clarisse allait commettre l’irréparable !.
    Les gendarmes espéraient bien qu’un jour ou l’autre l’une des conquêtes de Gaspard allait les conduire à la cache où il s’abritait. Le cocher était en fait un indicateur à la solde des gendarmes et il glissa un billet dénonciateur sous la porte de la gendarmerie de Frèjus.
    Le lendemain du jour de la dénonciation un escadron de 50 gendarmes et dragons cernait l’auberge des Adrets. A l’aube, Gaspard fut arrêté au saut du lit ainsi que ses deux amis Joseph et Jacques. Rose Faye fut même embarquée pour le coup.
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    Tous furent emmenés à la prison de l’Observance à Draguignan. On était au printemps de l’année 1780.
    Mais Gaspard n’avait pas dit son dernier mot…

    Jean Anglade dans le rôle de Gaspard- télfilm de Benoit Jaqquot - France 2- 2006


  • 4 - La grotte, le partage du butin

    Gaspard de Besse dans l’Estérel

    La grotte – Le partage du butin

    Après chaque embuscade, les brigands déposaient leur butin dans cette grotte. On procédait ici à l’ouverture des malles, sacs et ballots avec parfois des bonnes et mauvaises surprises.
    Ce jour là, Gaspard et ses compagnons avaient fondé de gros espoirs sur la belle malle en cuir fauve avec des serrures en cuivre rivetées. Elle était très lourde et son contenu semblait prometteur. Rien que la malle avait une valeur de revente.
    C’est pourquoi Gaspard arrête le geste d’un de ses hommes qui s’apprêtait à lacérer le cuir à coups de coutelas. On coupa les fils des coutures proprement. Au bout de quelques minutes de travail patient on comprit pourquoi la malle était si lourde. Par l’ouverture ménagée entre les panneaux de cuir apparurent …des dorures ! Oui mais ce n’étaient que les dorures à l’or fin des tranches de dizaines de beaux livres quand même reliés pleine peau.
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    Jean Anglade dans le rôle de Gaspard

     

    « Ce n’est pas ça qui te remplira la panse ! » Dit Honoré.
    « Tu te trompes » répondit Gaspard.
    Il commença à sortir les livres un par un et à parcourir les titres. Il y avait là, tous les auteurs dont l’abbé Braban, le curé de Besse sur Issole qui l’avait éduqué, lui avait parlé. Il reconnaissait des titres qu’il avait pu feuilleter dans la bibliothèque du château St Dominique à Besse où il jouait avec les enfants de la famille De Besse.
    Montesquieu, voltaire, Diderot, Rousseau, La Fontaine et même Mirabeau…Ce butin prenait pour Gaspard, valeur de symbole. Chacun de ces auteurs, il le savait, plaidait, à sa manière, contre l’intolérance et l’injustice et défendait l’égalité des droits entre tous ainsi qu’ un accès de chacun à l’éducation, au savoir et aux connaissances. Cette pléiade aux principes novateurs et révolutionnaires constituait un formidable courant d’idées dans une époque qu’on appellerait plus tard « Le siècle des Lumières.

    Cependant, Gaspard continuait à fouiller la malle sous le regard déconfit de ses collègues. Sous la dernière couche de livres, apparut une boîte en bois d’ébène, cadenassée.. Gaspard en expert ouvre adroitement la boîte à l’aide d’une épingle à cheveux.

    C’est un éblouissement : Bien rangés dans du papier de soie tous découvrent : Une croix en argent sertie de diamants, une belle épingle de cravate en or, plusieurs bagues très fines, un médaillon en vermeil avec sa chaîne et des rouleaux de pièces d’or.
    Gaspard dit « Je vous fais une proposition. Partagez-vous équitablement tout ce qui est dans la boîte en ébène et laissez-moi les livres ! »

    « Mais ce n’est pas juste ! Tu n’y penses pas » protestent les autres.
    « Prends au moins en plus la malle en cuir alors » ajoute l’un des acolytes ;

    « Va comme ça » dit Gaspard « Je prends la malle et les livres et vous la boîte et le trésor. Et croyez-moi, je m’estime infiniment mieux servi que vous »

    Ainsi fut fait. Et tel était Gaspard, généreux, idéaliste et plus épris d’aventure et de liberté que de richesses.