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Tanneron entre mimosas et grands incendies

Quelques notes au gré d'une randonnée mimosas en Février 2020

Tanneron (2)

Rando Tanneron en Février 2020

Pour les curieux de l'itinéraire suivi ce jour là, ils se reporteront avec profit au topo guide PR de la fédération française de la randonnée "Saint Raphaël et le pays de Fayence à pied" rando N° 16 

" les crêtes de Tanneron" 5 h/16 km

 

 

lieu-dit La verrerie : Au XVI ème siècle le massif était une immense pinède avec de vieux arbres de plus de 30 m de haut. Ce bois sert de combustible pour alimenter les fours de nombreuses petites verreries artisanales installées dans les hameaux. Du bois et du sable c'est tout ce qu'il faut pour fabriquer de la pâte de verre et des bouteilles à la façon dont travaillent encore les verriers de Biot. Ce travail se faisait aussi à Cannes, au quartier de la Bocca qui s’appelle d’ailleurs, aujourd'hui encore, La Verrerie.

Au XVIII ème siècle la pinède est ravagée par le feu et le mimosa et l’eucalyptus espèces exotiques importées d'Australie prennent le relais tout d'abord cultivées puis essaimant de façon sauvage et invasive.

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Le mémorial : Il s'agit d'un monument élevé en 1986, un an après le terrible incendie de juillet 1985 où cinq sapeurs pompiers du var ont trouvé la mort en luttant contre le feu.

Deux mains blanches taillées directement dans la masse d'un bloc de pierre du Luberon pesant 3 tonnes symbolisent la détresse et l'appel au secours des victimes et des populations qu'ils tentaient de protéger.

Le sculpteur est Petrus, artiste azuréen dont l'atelier est à Vallauris qui privilégie la taille directe c'est à dire sans passer par une maquette. Ces mains jointes ont nécessité 240 h de travail.

Le 16 août 1986 Jacques Chirac, alors premier ministre est venu se recueillir ici en souvenir des cinq pompiers qui ont donné leurs vies.

Jean-marc Morel de Cogolin est mort coincé sous son camion citerne et quatre jeunes pompiers du Luc ont péri eux aussi pris au piège et encerclés par les flammes auprès de leur véhicule plein d'eau. On peut penser que la rapidité de propagation du feu ne leur a pas laissé le temps de réagir.

Le 31 juillet chaque année une commémoration a lieu ici.

pompiers, Tanneron

Autres incendies : la famille de Martin Gray :

Autre mémorial dans le Tanneron lié lui aussi à un incendie mortel, la stèle Martin Gray érigée sur la route qui monte de Mandelieu à Tanneron à hauteur du circuit du Grand duc que connaissent bien les randonneurs qui font avec nous de la marche nordique.

Martin Gray est l'auteur du best seller « Au nom de tous les miens » publié en en 1971, succès mondial adapté au cinéma par Robert Enrico.

Martin Gray est décédé en 2016 à l'âge de 94 ans. C’était un survivant des camps de concentration nazis où ont péri sa mère et ses frères alors que plus tard son père sera fusillé sous ses yeux par les allemands.

En 1970 Martin Gray est installé avec sa famille à Tanneron. C'est le 3 octobre, à la fin d'un été très chaud. La végétation est desséchée. Un fort mistral souffle sur les pins et les mimosas qui ne demandent qu' à s'enflammer. L'incendie démarre le 3 et durera 3 jours. 5000 ha de forêt sont dévastés. Des fermes et des maisons détruites dans les nombreux hameaux et écarts de la commune. Le feu se propage jusqu'à Mandelieu.

Dina l'épouse de Martin Gray est seule avec ses 4 enfants ( 10 ans, 7, - et 2 ans). La villa est encerclée par les flammes. Elle prend peur et décide de mettre tout le monde dans la voiture et de fuir. La route est coupée par l'incendie. Ils sont pris par le feu dans la voiture.

Ce jour là il y eut jusqu' à 20 départs de feu dans des endroits différents. Outre la famille Gray il y aura 10 victimes.

Par la suite son livre ayant contribué à sensibiliser l'opinion publique sur les feux de forêt, Martin Gray créera une fondation Dina Gray en faveur de cette cause écologique.

 

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Le mimosa horticulture et tourisme

 

 

A l’origine de l’introduction du mimosa en France 2 noms :

 

Le capitaine Cook : C’est lui qui lors de ses voyages d’exploration vers le Pacifique, dans la seconde moitié du 18ème siècle ramènera des graines et des plants de toutes sortes. Tout ce matériel est précieusement collectionné en Europe dans des serres et des muséums où on expérimente leur acclimatation possible. C’est l’époque de la création du jardin des plantes à Paris et toutes les grandes capitales ont leur jardin exotique. C’est l’engouement.

 

Lord Brougham : Grand Chancelier britannique c’est le fondateur du Cannes touristique des temps modernes. ( voir texte belvédère Brougham). En 1855 il crée sur son domaine, la villa Eleonore un jardin exotique. Et le jardinier de Lord Brougham est le premier à se procurer à Londres des graines de mimosa qu’il sème dans les jardins de la villa. Les petites boules d’or embaument bientôt les premiers hivers des nos hôtes britanniques. La plante s’acclimate bien ( chaleur+eau+sol acide). On se l’arrache. Tout le monde en veut.

 

Quelques premiers horticulteurs s’installent dans le haut de la colline pour fournir à la demande. C’est là l’origine d’une production agricole sous serre puis en pleine terre dont le succès commercial fut énorme. Son essor sur les pentes de la Croix des gardes et lié au travail de la famille Tournaire. Par la suite les expéditions par train ( gare de la Bocca) de fleurs fraîches vers Paris et les pays du Nord se développèrent. Puis cette activité connut son déclin ou s’exporta ailleurs (LeTanneron). La colline était entièrement cultivée. Des restanques qu’on devine encore sous la végétation, des serres en ruine, de vieux bâtiments et d’anciens réservoirs pour l’eau de pluie en attestent.

Les plantations de mimosas cultivés laissées à l’abandon ont essaimé, la plante ayant une étonnante capacité à se reproduire (par rejet et par graines). La colline fut vite envahie de mimosas sauvages, variétés hybrides issues des premières plantations. La flore d’origine (voir ci dessous) recula au profit du mimosa qui occupa tout l’espace ou presque.

 

Culture et production de mimosa à Tanneraon :

 

A l'origine les gens d'ici vivaient de cultures vivrières blé, olivier, châtaignes. Par la suite les paysans se sont mis à cultiver des fleurs pour l'industrie des parfums à Grasse. (jasmin,rose). Venu de Cannes la Croix des Gardes au 19ème siècle le mimosa fait l'objet de premières plantations puis cette production qui s'adapte bien au sol granitique prend ici son essor. Elle connaîtra des aléas avec la guerre de 14/18, un coup de gel fatal en 1929. La technique du forçage est découverte par hasard. Un cultivateur avait jeté des branches de mimosa sur un tas de fumier. Il observe alors qu'à la chaleur due à la fermentation du fumier les plantes développent une floraison rapide et spontanée. La méthode est pratiquée à grande échelle dans des forceries où les fleurs récoltées en bouton sont traitées avec de la chaleur et de l'humidité. Cela révolutionne la production et permet des expéditions partout en France et à l'étranger, par train, par avion. La fleur devient l'emblème de la cote d'azur et son parfum, sa couleur or sont synonymes de la douceur méditerranéenne en plein hiver.

Actuellement 90% de la production part en Europe du Nord ( marché aux fleurs des Pays-Bas ). Quatre variétés différentes sont cultivées et menées à maturation de façon échelonnée selon les versants et les expositions au soleil. La saison va de janvier à mars. Le kilo de mimosa se vend 5 euros.

L'eucalyptus est plus rentable car sa saison de récolte dure 10 mois de l'année. Certains cultivateurs se sont aussi orientés vers la production de fraises.

 

Une autre valorisation du mimosa le tourisme :

 

En hiver les touristes en car ou en voiture sillonnent la Route d'or. Un itinéraire de 150 kms entre Bormes les mimosas, Mandelieu et Tanneron. Des fêtes, corsos et défilés de chars carnavalesques ont lieu en février dans ces villes. Mais petit à petit une offre diversifiée se met en place autour de ce capital touristique qu'est le mimosa.

    • chambres d'hôtes

    • balades accompagnées par des guides nature.

    • Randos mimosas guidées à pied en VTT électrique.

    • Visites de forceries et même ateliers saveur ( macaron au mimosa!)

      Parmi les possibilités noter la boutique de la famille Vial 235 chemin des Carreiros tel 06 10 29 51 80 ( huiles essentielles, miel, savon et objets dérivés du mimosa)

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